Littérature Afro ☀
Musique Afro
L’influence de la musique africaine dans le monde

La musique africaine dans le monde a toujours eu un rôle central dans la culture africaine et son histoire. Les sons et les rythmes ont des fonctions particulières liées à la vie quotidienne : manifestations sociales, rituelles, cérémonielles et sacrées. Son rôle est primordial dans la spiritualité en accompagnant les individus dans les différentes étapes de leur vie. Très ancrée dans sa culture, il est donc logique que la population africaine disséminée à travers le globe au cours de l’histoire ait perpétué les traditions et ait continué de développer de nouveaux styles de musique partout où elle s’est retrouvée. Nous vous proposons de découvrir à travers cet article, une liste de styles musicaux (non exhaustive) qui ont été créés par les communautés afro ou qui ont été inspirés par ces dernières.

En Europe : les instruments de la musique classique
On a toujours tendance à opposer musique africaine basée sur le rythme et musique classique européenne basée sur la mélodie. En réalité, ce qui est très souvent omis, c’est le fait que les instruments utilisés dans les différentes formes musicales du classique (l’opéra, la symphonie, la sonate, le quatuor à corde et le concerto) puisent leurs origines en Afrique. C’est ainsi que les instruments de musique importés en Europe par les Maures au 8ème siècle ont inspiré ceux utilisés, ensuite, par les Européens dans le style qu’ils ont popularisé à travers le monde. Par exemple, le luth a donné la guitare, une combinaison de la harpe et du balafon a donné le piano. Les Maures ont aussi apporté le solfège en Europe, qui n’existait pas à cette époque.
Conséquence directe de l’esclavage et de la déportation de millions d’Africains en Amérique du Nord, dans les Caraïbes et en Amérique latine, la présence de ces populations venant de la Terre mère a de fait influencé la musique dans ces zones géographiques.
En Amérique latine : Capoeira et Champeta
En Amérique latine, on peut parler de la Capoeira au Brésil, un art martial basé sur la danse, inventé par les Afro descendants du pays, inspiré des techniques de combat des armées de l’Angola au sein du Royaume Kongo. Cet art de guerre à main nue avait pour nom d’origine “Ngo-Lo”. Étant interdites par les colons, les Africains les dissimulaient sous formes de danses folkloriques afin qu’elles soient autorisées.
En Colombie, la Champeta est une musique très populaire apparue dans les années 1970 dans la ville de Carthagène sur la côte colombienne. Cette musique est née des sons africains apportés par la population afro-descendante qui cherchait à retrouver ses racines. Les producteurs colombiens ayant été conquis par ces sons venus d’ailleurs s’en sont inspirés et les ont intégrés dans un nouveau style de musique colombienne: la champeta.

Dans les caraïbes : Reggae, Gwoka, Rumba
Dans les îles des Caraïbes, l’influence africaine se retrouve dans de nombreux styles musicaux inventés par les populations afro caribéennes.
C’est le cas du Reggae en Jamaïque, musique engagée face à la discrimination et aux problèmes sociaux. Le tambour utilisé pour donner le rythme qui se nomme Nyabinghi est d’origine africaine, son principe reprend celui du djembé que l’on trouve en Afrique de l’Ouest (inventé dans l’Empire Mandingue au XIIIe siècle).
On remarque cette même origine des tambours africains dans les Antilles françaises, plus précisément en Guadeloupe avec le Gwo Ka, un style de musique qui utilise un instrument dénommé le Ka. Ce tambour est apparenté aux Ngoka un type de percussions (Ngoma) en langue Bantoue. Le Gwo Ka provient directement de la culture africaine. Il a des origines très lointaines et a toujours eu un lien très fort avec la spiritualité. C’est le cas de manière générale avec la musique dans son ensemble, comme l’explique le spécialiste des humanités classiques africaines Nioussérê Kalala Omotunde dans les vidéos suivantes en lien si vous souhaitez en apprendre plus sur le sujet (vidéo 1, vidéo 2).

Dernier exemple à Cuba avec la rumba. Celle-ci se définit comme un ensemble de genres musicaux et de danses. La musique est composée de chants et de percussions, elle s’est développée depuis le XVIe siècle dans les milieux afro-cubains. Son origine est rattachée au royaume du Kongo. Des artistes congolais comme le très célèbre Tabu Ley Rochereau (père du rappeur Youssoupha), se sont d’ailleurs réappropriés ce style musical dans les années 1940-50 en relançant la rumba congolaise.
En Amérique du nord : Negro Spiritual, Gospel, Blues, Jazz, Rock and Roll, Soul, Funk, Disco Rap
En Amérique du Nord et plus précisément aux États-Unis, la communauté afro-américaine est à la base de la plupart des styles musicaux que le pays a popularisés à travers le monde, du Negro Spiritual et du Gospel chants religieux des esclaves devenus ensuite affranchis, en passant par le Blues, le Jazz, le Rock and Roll, ou encore la Soul, le Funk et le Disco jusqu’aux styles les plus récents comme le Rap.

La dérive de l’appropriation culturelle : Elvis Presley, Michael Jackson et Rihanna, Serge Gainsbourg
Terminons en mentionnant des cas pour lesquels l’influence africaine a été dépassée et a mené à la dérive de l’appropriation culturelle. C’est le cas du Rock and Roll apparenté aujourd’hui à une musique “blanche” notamment popularisée par Elvis Presley. Ce qu’il faut savoir, c’est que la majorité des chansons du proclamé Roi du Rock and Roll sont des chansons d’artistes afro-américains qui ont été volées par Presley et popularisées sans jamais donner le crédit aux auteurs des chansons originales. Il était très loin d’être le seul à agir ainsi à cette époque comme vous pourrez le voir dans les vidéos en lien (1, 2).
Pratique malheureusement très courante en occident, le plagiat sans donner de crédit aux auteurs originaux est à l’origine de nombreux tubes. C’est le cas par exemple de la chanson Wanna be startin’ somethin’ (1983) de Michael Jackson qui a utilisé la musique de l’artiste camerounais Manu Dibango et sa chanson Soul Makossa. Ce dernier s’en rendra compte des années plus tard (en 1986) et obtiendra, après une bataille judiciaire, une compensation financière de 300 000 euros (150 000 pour lui et la même somme pour sa maison de disque) qui semble dérisoire en comparaison aux millions de dollars qu’ont rapportés ce succès musical planétaire.
Tout aurait pu en rester là, mais en 2007 la chanteuse Rihanna a elle-aussi réutilisé le sample de MJ pour sa chanson Please don’t stop the music, puis Michael Jackson lui-même en 2008 a sorti un remix avec le rappeur Akon. Dibango a de nouveau réagi et a intenté une action en justice qui s’est avérée être refusée car l’accord obtenu en 1986 ne couvrait pas les réutilisations futures de sa chanson…
Autre pays, même procédé, en France, avec Serge Gainsbourg. Artiste adulé pour sa créativité et son avant-gardisme par les critiques, Gainsbourg a tout simplement repris et volé des chansons de l’artiste nigérian Babatunde Olatunji comme Akiwono, Kiyakiya ou encore Jin-go-lo-ba qui sont devenus respectivement après un changement de paroles New York USA, Johanna et Marabout. Il en a fait de même avec la chanteuse sud-africaine Myriam Makeba, à qui, il a pris la chanson Umqokozo pour en faire le titre Pauvre Lola.
Pour en savoir plus sur ces affaires concernant Michael Jackson et Serge Gainsbourg, nous vous recommandons les vidéos de Steevy de Music Feelings qui revient en détails sur chaque cas.
Ces cas abordés ne sont que des exemples parmi tant d’autres qui vous viennent certainement à l’esprit comme la fameuse Shakira qui a prétendu avoir inventé une chanson camerounaise…
La musique africaine dans le monde
Deyelle Koïta