C’est du Bénin, petit pays d’Afrique de l’Ouest (114 763 km2 de superficie tout de même), que nous vient Jean Pliya. Né à Djougou, dans le Nord du pays, le 21 juillet 1931, cet écrivain prolifique, professeur d’université et homme d’État est l’une des figures maîtresses de la littérature béninoise et ouest-africaine. 

Après des études entamées à l’université de Dakar et poursuivies à l’Université de Toulouse où il se perfectionne dans deux matières qui lui tiennent particulièrement à cœur, à savoir l’histoire et la géographie, il obtient sa licence en 1955, son DES en 1957 et passe son CAPES pour devenir professeur certifié. Il se lance ensuite dans une carrière d’enseignant, qui l’emmène à Lyon et Cahors, en France (1957 à 1969), au Togo, au Niger puis sur sa terre natale, notamment à Cotonou et Porto-Novo, entre 1969 à 1976.

Un écrivain né

C’est vers ces années-là que le talent littéraire de Jean Pliya commence à éclore. L’année 1971 est celle de la publication de son premier ouvrage,“L’Arbre fétiche”, aux éditions CLE. Il s’agit d’un recueil de quatre nouvelles (L’arbre fétiche, La voiture rouge, L’homme qui avait tout donné et Le gardien de nuit), descriptions édulcorées des us et coutumes béninois en quatre récits. “L’Arbre fétiche” confirme le talent de son auteur, mais c’est davantage son deuxième livre “Kondo le requin”, consacré à l’illustre roi d’Abomey Béhanzin et sa fameuse résistance anticoloniale, qui le propulse au rang de maître. L’opus lui permet, entre autres, de remporter le Grand prix littéraire d’Afrique noire. 

À la fresque historique “Kondo le requin”, vont se succéder de nombreux succès littéraires comme la pièce de théâtre “La secrétaire particulière” (1973) , dans laquelle l’auteur s’attaque avec un humour féroce à des thèmes comme la corruption et le détournement de mineur. Aujourd’hui encore, “La secrétaire particulière” est l’une de ces pièces fédératrices, qui se joue à guichets fermés à chaque représentation dans nombre de métropoles ouest-africaines. Enfin, il serait une erreur d’évoquer la bibliographie de Jean Pliya sans mentionner le poignant mais néanmoins très politique “Les tresseurs de corde” (1987), que nombreux considèrent aujourd’hui comme un chef d’oeuvre. 

Jean Pliya nous a quittés le 14 mai 2015 à Abidjan. Il était âgé de 83 ans.

                                                                                                                                                                                                               Marc-Emmanuel Adjou