Littérature Afro ☀
Mariama Bâ,
la littérature faite femme
Il n’aura fallu qu’un roman à Mariama Bâ pour se hisser au statut des icônes de la littérature africaine. Un exploit d’autant plus remarquable que l’auteure – il est important de le souligner – est à l’époque, l’une des rares femmes écrivains du continent, les hommes de lettres ayant davantage de visibilité. Le roman en question s’intitule “Une si longue lettre”. Publié en 1979 aux Nouvelles éditions africaines dans un style épistolaire, le livre raconte avec beaucoup d’émotion et de talent la vie de Ramatoulaye, femme veuve et mère, dans une série de courriers échangés avec son amie de longue date Aïssatou.
Née le 17 avril 1929 à Dakar, Mariama Bâ grandit dans une famille aisée, qui lui permet de suivre de hautes études. Ses trois mariages, qui se sont soldés par des divorces, lui ouvriront les yeux sur les conditions des femmes africaines, thématique qui sera alors fondamentale dans ses écrits. Féministe convaincue, Mariama Bâ dénonce dans “Une si longue lettre”, la polygamie, pratique alors très répandue dans certains pays du continent, dont son Sénégal natal. La femme de lettres y dresse également le portrait de femmes indépendantes et puissantes, libres de leurs choix. Une première, dans le paysage littéraire local.
Avec son discours inspirant et engagé, “Une si longue lettre” va connaître un succès critique et public fulgurant qui va transcender les frontières du pays de la Téranga et influencer beaucoup de jeunes filles. Il sera traduit en 25 langues, dont l’anglais et même le wolof en 2016, sous le titre “Bataaxal bu gudde nii”. En 1980, il reçoit également le Prix Noma lors de la Foire du livre de Francfort en 1980.
Mariama Bâ n’aura hélas pas la chance de profiter de cette réussite. Elle meurt le 17 août 1981 des suites d’un cancer, peu de temps avant la parution de son deuxième roman “Un chant écarlate”, qui narre l’échec d’un mariage mixte entre un français et une sénégalaise.